Radiopéra n°62

Genre(s) :

Epoque(s) :

Edition : Radiopéra

Dépot légal : juin 1952

Imprimeur : Imprimerie Commerciale du Maine Libre, Le Mans

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Jésus-La-Caille back32 pages de format 18,4 sur 26,6 cm
Prix : 120 F

Ce supplément n°398 de Radio 52 présente le texte intégral de la pièce de théâtre Jésus la Caille adaptée par Frédéric Dard à partir du roman éponyme de Francis Carco.
Outre le texte intégral de la pièce, on trouve dans ce supplément :
– une page de photos (celle de Carco, celle de Dard et 5 autres photos prises à plusieurs moments de la pièce)
– la distribution de la pièce
– un avant-propos de Francis Carco
– 2 pages reprenant les critiques élogieuses sorties à l’époque

Cette pièce, tout comme le roman d’ailleurs, eurent beaucoup de succès et cela a renforcé l’amitié entre Francis Carco et Frédéric Dard.

Jésus-la-Caille est une pièce en 5 tableaux mise en scène de Pierre Valde avec une musique de Kosma.
Création mondiale le 11 janvier 1952 au Théâtre des Célestins à Lyon (3 représentations du 11 au 13 janvier 1952).
La pièce a ensuite été créée à Paris, au Théâtre Gramont, la première représentation publique étant le 4 mars 1952, avec Philippe Lemaire dans le rôle de Jésus la Caille et Héléna Bossis dans celui de Fernande.

Théâtre Gramont 1952
Théâtre Gramont 1952

Puis, elle fut jouée au Théâtre Antoine à Paris du 25 juin au 30 juillet 1952, veille de la clôture annuelle de ce théâtre.
Ensuite, la troupe de comédiens prend l’autocar et parcourt la France tout au long de l’été 1952, accompagnée par Francis Carco, son épouse et son chien.
L’auteur tient en effet à présenter lui-même sa pièce chaque soir au public. La première représentation en province a lieu à Trouville (14) et la seconde à Cauterets (65). La tournée passe ensuite, entre autres villes, par Royat (63), Néris-les-bains (03) et Evian-les-bains (74).
A la fin de cette tournée en province, la pièce est rejouée à l’automne 1952 au Théâtre Gramont avec Michel François dans le rôle de Jésus la Caille et Catherine Seneur dans celui de Fernande.
Puis, la troupe où Dora Doll a remplacé Catherine Seneur repart pour la tournée d’hiver 1952 qui passe par l’Afrique du Nord et notamment le Maroc avec le Grand Théâtre de Casablanca du 29 décembre 1952 au 1er janvier 1953 et ensuite celui de Marrakech.

Au retour du Maroc, la pièce est jouée dès le début janvier 1953 au Théâtre de l’Ambigu, 2 ter boulevard Saint Martin à Paris jusqu’en février 1953, puis transférée dans un autre théâtre, le Théâtre des Arts, 66 rue de Rochechouart à Paris. Il semblerait que le théâtre des Arts fût l’ultime endroit de représentation de la pièce à Paris, aucune autre affiche ou information n’ayant émergé depuis. La pièce Jésus-le-Caille s’est donc finalement arrêtée après plus d’un an de représentations au printemps 1953 dans le Théâtre des Arts.

L’accordéon joua un rôle important dans le succès de cette pièce et le nom de l’accordéoniste, qui n’apparaissait pas sur la 1ère affiche du Théâtre Gramont, fut ensuite mis à l’honneur. Raymond Fournier joua le rôle de Loupé jusqu’en juin 1952 et fut remplacé ensuite par Jo Krasker qui commença au Théâtre Antoine en juin 1952 et resta dans la troupe jusqu’en janvier 1953 au Théâtre de l’Ambigu. Il fut ensuite remplacé par un accordéoniste semi-professionnel breton du nom de Gilles Cadiou, dont le nom apparait d’ailleurs sur l’affiche du Théâtre des Arts.

Je tiens à remercier Eric Krasker, fils de Jo Krasker, qui m’a aimablement fourni ces informations ainsi que les affiches et photos de cette période. Voir aussi son blog :http://lafranceetlesbeatles.blogspot.fr/p/blog-page_10.html

Un artiste inconnu a d’ailleurs réalisé un foulard où sont dessinés les acteurs de la pièce ainsi que Francis Carco et Frédéric Dard.

Un grand merci à l’Oncle Archibald qui a attiré mon attention sur cette pièce unique.

Cette pièce continua d’être jouée au fil des années, au Théâtre de la Baleine à Lyon en 1971, et plus récemment à l’Espace Pierre Cardin à Paris à partir du 16 avril 2004.

Cette pièce a aussi fait l’objet d’un film réalisé par André Pergament en 1955 :  M’sieur La Caille

Résumé du livre de Carco
Une visite du Montmartre, dans les années précédant la Première Guerre mondiale, mais il ne s’agit pas vraiment d’une visite touristique… puisque Francis Carco met en scène des prostitués masculins.
Jésus la Caille, à peine sorti de l’adolescence, est un jeune proxénète homosexuel.
Bambou, l’ami de Jésus la Caille, est arrêté par la police des mœurs. Il a été donné par le Corse. Privé de sa plus tendre affection, la Caille, se désespère ; il a peur d’être pris à son tour. Il se voit déjà entraîné, comme Bambou, dans une odieuse machination et il ne peut compter sur personne ; ses petits amis de bar sont, entre eux, jaloux et quant aux maquereaux, comme le Corse, il sait qu’ils sont toujours contre les gigolos.
Le Corse sera lui aussi dénoncé et arrêté. Fernande, , la femme du Corse, sera la première femme de la Caille ; elle le quittera pour Pépé-la-Vache. Quand le Corse sortira de prison, il tuera Pépé et Fernande s’accusera du meurtre.
Les scrupules n’étouffent guère Jésus-la-Caille puisqu’il se console de la perte de son homme, Bambou, entre les bras de son propre jeune frère, la Puce. Peu lui importe, du moment qu’on travaille pour lui. Car lui, il a arrêté d’offrir sa grâce adolescente et ses boucles blondes. Il se ronge les sangs, oisif, en fumant des cigarettes et se demandant qui il est et qui il aime vraiment.
Bien sûr, « Jésus la Caille » a beaucoup vieilli. Pourtant ce roman reste un document intéressant sur le Paris interlope du début du siècle dernier.
Le lecteur est transporté dans un monde nouveau, où des lois qui ne lui sont pas familières dirigeaient la destinée d’individus pittoresques ou tragiques : un prostitué était mal vu, il était méprisé par les caïds et donc particulièrement exposé aux règlements de comptes. Dans ce milieu machiste où l’on aimait affirmer sa brutalité, le prostitué était soupçonné d’être un donneur et on ne lui faisait pas confiance. Paradoxalement, c’était lui qui était souvent dénoncé à la police par des voyous qui voulaient se faire bien voir.
Ainsi, souvent, le gigolo était une victime désignée, sacrifiée sans remords, rejetée par le milieu dans lequel il évolue. L’écriture de Francis Carco, par son goût des complicités à demi consenties et par son désir d’assister à des actes troubles, est celle d’un témoin enflammé. C’est la passion qui dégrade les personnages qui n’offrent aucune résistance au mal : ils vivent d’une vie instinctive et sont confinés par leurs occupations dans un monde clos qui brise leur énergie. Entre le bar, le trottoir et la chambre d’hôtel, ils ne trouvent du plaisir que dans les stupéfiants, l’alcool, ou dans une servitude sans restriction envers celui ou celle qui émeut leur chair lassée.
Extraits de Francis Carco de Francis Carco sous la direction de Jean-Jacques Bedu et Gilles Freyssinet, Éditions Robert Laffont/Bouquins, 2004.

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