Paris-Théâtre n°78

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Edition : J.P. Mauclaire

Dépot légal : novembre 1953

Imprimeur : Imprimerie Georges Lang, Paris.

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N°78 de novembre 1953
68 pages de format 18 sur 24,5 cm. 

La couverture de cette revue reprend les célèbres couleurs de la Série Noire (le thème de ce numéro étant la « pièce policière »). Le texte intégral de la pièce La Corde de Patrick Hamilton (1904-1962) est proposé au lecteur. L’adaptation est signée Gabriel Arout. Michel Auclair et Robert Hossein figurent dans la distribution. Sur les conseils enthousiastes de Jean Desailly et de Robert Hossein, Frédéric Dard adaptera (non sans quelques réserves au départ puis avec quelques réajustements ensuite) en 1978 la pièce Angel Heart de Patrick Hamilton pour en faire Le cauchemar de Bella Manningham. Cette pièce sera jouée tout d’abord au Théâtre de la Comédie à Genève puis au Théâtre Marigny. 

Ce numéro de Paris-Théâtre contient un texte de Frédéric Dard qui parle de ses deux premières pièces de théâtre au Grand-Guignol.
La photographie qui l’accompagne n’est pas contemporaine de l’article puisqu’elle représente Frédéric Dard travaillant avec Raymond Rouleau à l’adaptation de La neige était sale, trois ans plus tôt.

Après Du plomb pour ces demoisellesmontée 6 mois plus tôt et dont la première a eu lieu le 6 juin 1953, Frédéric Dard prépare pour le théâtre du Grand-Guignol une seconde pièce nommée « Un flic à la manque ». L’auteur met en avant l’influence de la « Série Noire » (modernité des thèmes et de l’écriture) dans son travail, sans perdre de vue pour autant le divertissement et le frisson du spectateur : « C’est un drame policier agencé d’une façon moderne, mais assez riche en meurtres pour pouvoir se recommander de la marque de fabrique Grand-Guignol ».
Voici comment Frédéric Dard résume ce « drame policier » : « Il relate l’histoire d’un policier de chez nous qui tourne mal à cause des maléfices du hasard et de ceux (bien entendu) d’une femme perverse ». L’influence du Britannique James Hadley Chase (1906-1985) ou de l’Américain James M. Cain (1892-1977), deux auteurs dont Frédéric Dard a toujours avoué être un fervent admirateur, est palpable : l’intrigue resserrée autour de trois personnages principaux, la présence d’une femme vénéneuse (Edwige Galard) et le basculement d’un homme dans la mort (l’inspecteur Steff)..Au final, la pièce sera rebaptisée La garce et l’ange. La première a lieu le 4 décembre 1953. 

Voici ce qu’écrit, non sans une certaine ironie, le critique dramatique Robert Kemp (1879-1959) dans un article du Monde daté du 9 décembre 1953 et portant comme titre Le nouveau spectacle du Grand-Guignol : « Cinq cadavres dans un seul drame, ce n’est pas mal. Il faut remonter jusqu’à Titus Andronicus pour trouver mieux ». 
Dans un article pour Franc-Tireur de décembre 1953, Guy Verdot (1918-1984) qualifie Frédéric Dard d’ « auteur shakespearien pour séries noires ». 
Max Favalelli (1905-1989), dans Paris-Presse L’intransigeant du 12 décembre 1953, pointe du doigt le ton « Série-Noire » de « La garce et l’ange«  : « On commence à mesurer l’influence exercée par M. Marcel Duhamel [créateur de la fameuse collection]. Les gangsters et les hommes du milieu lisent beaucoup trop assidument la « Série-Noire ». Auparavant, ces messieurs parlaient comme vous et moi, ou à peu près. Maintenant, on les sent intoxiqués d’Albert Simonin, et toujours anxieux de ne pas commettre le moindre attentat contre la langue verte… On n’arrache plus les ongles ; on ne crève plus les yeux, on ne broie plus les crânes au Grand-Guignol. Finies ces ravissantes bluettes où l’on buvait de grands verres de sang et où les cervelles traînaient sur tous les meubles. La mitraillette et le whisky ont changé tout cela ».

Un grand merci à Julian Jaunay qui m’a adressé les scans de cette revue ainsi que les commentaires pertinents que vous venez de lire.

 

 

 

 

 

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