Y a-t-il un Français dans la salle?

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Edition : Carterie artistique et cinématographique

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Date de sortie : 28 avril 1982
Réalisateur : Jean-Pierre Mocky, d’après le roman éponyme de San-Antonio/Frédéric Dard
Acteurs : Victor Lanoux, Jacques Dutronc, Jacqueline Maillan, Michel Galabru, Dominique Lavanant, François Cavanna, Andréa Ferreol, Jean-Luc Bideau, Emmanuelle Riva, Jean-François Stevenin, Marion Peterson, Jacques Dufilho, Dominique Zardi, Jean-Claude Romer, Jean-Pierre Mocky
Scénario et dialogues : Frédéric Dard et Jean-Pierre Mocky
Production : Belstar Productions, M. films, Marianne Productions, Uranus Productions France
Chef d’un puissant parti politique des années 75, le « R.A.S. », le président Horace Tumelat, la cinquantaine, est au faîte de sa carrière politique lorsqu’il apprend le suicide de son vieil oncle Eusèbe, qui l’avait élevé. Or, ce dernier détenait un secret : il avait séquestré chez lui un homme qui faisait « chanter » Tumelat, en menaçant de révéler son passé de « collabo ». Tumelat reprend contact avec ce maître chanteur (toujours prisonnier dans la maison du vieil oncle), et apprend qu’Eusèbe a laissé une lettre avant de se donner la mort; mais cette lettre a disparu.
Tumelat se rend alors chez la femme de ménage de son oncle, Mme Réglisson, qui n’a pas la lettre, mais qui a une charmante fille de 17 ans – Noëlle – dont Tumelat va immédiatement tomber amoureux, malgré la grande différence d’âge. Parallèlement, les deux inspecteurs de police Serruti et Pauley enquêtent sur la mort d’Eusèbe, pensant que, vu la personnalité politique du neveu, il pourrait s’agir d’un meurtre. Pauley trouve en Mme Fluck – une voisine de l’oncle Eusèbe – une informatrice de choix; elle le met notamment sur la piste d’Eric Plante – photographe d’un journal à scandale – qui détient la lettre qu’avait laissé le vieil oncle. Plante va essayer de compromettre Horace Tumelat, d’autant plus qu’il a également photographié l’homme politique avec la jeune Noëlle. Mais Tumelat le prend à son propre piège en annonçant son mariage avec la jeune fille.
C’était compter, toutefois, sans la jalousie de Ginette Alcazar, fidèle secrétaire du « président Tumelat », qui aime ce dernier depuis toujours et va aller jusqu’à défigurer la jeune fiancée du président dans un incendie volontaire. Tumelat, qui voulait refaire sa vie, est brisé par le drame.

Demander à Mocky de filmer dans la dentelle, c’est exiger du sourd qu’il entende et de l’aveugle qu’il voie. Son oeuvre est pleine de fantoches dérisoires, de débiles sulfureux qui bousculent avec hargne le bon goût et la convention. Sa vision de l’humanité est d’autant plus dure qu’elle résulte naturellement d’un amour déçu. Nulle indulgence ici. Pour personne. C’est un véritable jeu de massacre, avec le sexe pour dénominateur commun. Tout le monde il est affreux, tout le monde il est pervers. On est à la limite du poujadisme. Et puis non ! La solution prônée par Mocky pour guérir la France de ses péchés est à la fois désarmante et bien dans son style. L’Amour, mesdames, messieurs ! Les anars mélancoliques sont comme ça : des idéalistes, des potaches qui débitent des horreurs en rêvant à l’inaccessible étoile. Mais heureusement Mocky est l’un de nos rares cinéastes à n’avoir pas le romantisme pleurard.

Pierre Murat

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