Très belle lettre manuscrite de Frédéric Dard envoyée en réponse à Philippe Aurousseau en 1996.
Le 4 avril 1996
Cher Philippe Aurousseau,
Combien de lettres vais-je devoir décacheter avant d’en trouver une qui ressemble à la vôtre ?
Sa petite musique rouillée ressemble à celle de mon âme.
Je suis devenu un homme d’âge sans que le temps ne me cause de trop grands dommages, autres que physiques. Quand, comme moi, l’on se voue à l’âpre bonheur d’écrire, les déprédations du temps s’effectuent à la sauvette. La mort ne m’effraie pas : je la connais depuis toujours et nous n’avons rien de cacher l’un pour l’autre.
Je m’accomplis sur un air de valse de Strauss. Lorsque la musique s’arrêtera, je continuerai de « gesticuler de la coiffe » quelques secondes encore.
Puisque vous êtes provisoirement jeune, entretenez votre cœur à l’amour des autres. Il n’existe rien d’authentique ici-bas si ce n’est l’amour sous toutes ses formes.
Je pense que nous nous rencontrerons bientôt.
En attendant, « je vous accolade ».Frédéric Dard
Un grand merci à l’ami Philippe qui a bien voulu partager cette superbe lettre de Frédéric Dard.