Lettre de Frédéric Dard à Clément Bouvetier du 7 septembre 1943.

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EnveloppeCette lettre fait partie de la correspondance que Frédéric Dard a entretenu dans les années 1943-1944 avec Clément Bouvetier, son ancien professeur de français de la Martinière.

La plupart de ces lettres ont été rachetées à la famille Bouvetier et ont été vendues par Mme Chantal Garcia qui avait pour l’occasion réalisé un catalogue les regroupant ainsi que des livres de Frédéric Dard dans sa période lyonnaise.

Dans cette lettre du 7 septembre 1943, Frédéric exprime sa joie et sa fierté d’avoir une de ses nouvelles, Clarisse Valère, retenue et publiée par le journal Candide n°1013 du 25 août 1943. Il parle aussi de son roman, Le norvégien manchot, qui vient de recevoir l’autorisation de publication et qui sera imprimé à 8000 exemplaires en octobre 1943. Frédéric parle aussi du manuscrit d’Henriette Chandet , Le vrai roman de la dame aux camélias, qu’il éditera en décembre 1943 dans sa maison d’édition, les Editions de Savoie.

 

 

En voici le texte corrigé de quelques fautes d’étourderie

Cher Monsieur Bouvetier,
Si j’ai un peu tardé à vous répondre c’est que les voyages ont englouti la plus grande partie de ma vie ce dernier mois. Je me démène beaucoup au sujet de mon affaire, laquelle je suis heureux de vous l’apprendre, réussit pleinement.
Mon bouquin a obtenu l’autorisation tant désirée. Il est composé et la semaine prochaine très certainement notre imprimeur l’installera sur ses presses. Je tire à huit mille exemplaires. Ils sont déjà tous vendus.
Rien de surprenant à ce que vous n’ayez pu dénicher mes précédents ouvrages, voilà en effet plus d’un an qu’ils sont parus, achetés, vendus, effeuillés, bref qu’ils ont disparu des vitrines. Les nouveautés maintenant sont éphémères comme les neiges du printemps.
J’ai eu une grande joie en me voyant en nouvelle dans Candide. C’est un journal très hermétique et je connais beaucoup de « noms connus » qui s’y sont brisé la plume. Cependant ce conte est pompier et je trouve votre critique pertinente. Quant à ce qui concerne votre « Clarissage » laissez-moi protester. J’ouvre une parenthèse pour vous affirmer qu’à mon avis les hommes intelligents et actifs n’y tombent pas. Et puis – passez moi le conseil – mais il est facile d’y échapper, le mariage se porte beaucoup ces temps-ci et n’avez-vous pas l’exemple de vos confrères et de vos élèves ? Se marier est une expérience amusante à faire je vous assure et qui ne correspond à aucune autre curiosité de l’amour. Evidemment !!!… mais on s’habitue à tout y compris à la même femme, c’est une question d’endurance, une fois que le rythme est pris cela fonctionne à peu près. Et lorsqu’on fait la balance je crois que le solde doit être créditeur. Mais je joue à l’homme expérimenté et je ne suis qu’un gosse – fort heureusement.
Je pars à Paris mardi prochain. J’espère ramener le manuscrit « Chandet la vraie dame aux camélias » et vous l’enverrai.
Vous recevrez également mon livre dès qu’il sera paru. Je pense pouvoir tirer quelques exemplaires de luxe. Je vous en enverrai également un pour Gourney.
J’ai conservé un bon souvenir de ce grand bonhomme intelligent, original et blasé – bien qu’il m’est particulièrement malmené lors de mon passage entre ses mains.
J’aimerais vous lire avant mon départ. Votre dévoué
Frédéric Dard

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