La Peuchère

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Epoque(s) :

Edition : Lugdunum

Dépot légal : août 1940

Imprimeur : Imprimerie Générale Lyonnaise

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C’est le 1er livre de Frédéric Dard écrit en 1938 alors qu’il n’a que 17ans et qui sera publié en 1940, par souscription, aux éditions Lugdunum, propriété de Marcel E. Grancher. Mme Max-André Dazergues a tapé à la machine le manuscrit et Max André DAZERGUES a rédigé la préface.
Ce livre est dédié à son père Francisque Dard comme l’indique le petit texte précédant la préface :
J’ai rédigé cette longue nouvelle
à dix-sept ans – c’est donc demander
beaucoup d’indulgence au lecteur.
Je la dédie à mon père, qui fut mon
premier public, et puisse-t-il cueillir
simultanément dans ces pages les
derniers balbutiements de l’enfant et
les premières paroles de l’homme.

Malgré son faible tirage estimé à 100 exemplaires, il y a eu 2 éditions :
– une édition dite de luxe dont la couverture avant ne présente aucune indication de prix (photo du dessus). je ne connais actuellement que 3 personnes ayant cette édition dont le tirage devait être d’une vingtaine d’exemplaires. Les dimensions varient selon les exemplaires du fait d’un massicotage artisanal.
La plus grande édition mesure 16,7 X 25,7 et les 2 autres connues 16,1 X 23,8.
– une édition dite ordinaire avec un prix de 5 Francs mentionné sur la couverture avant (photo de droite). En moyenne, les dimensions de cette édition tirée à environ 80 exemplaires sont de 16 X 24 cm.
Il faut être très prudent dans l’achat de ce livre car, vu son prix élevé (8000 à 15000 euros selon l’édition et l’état), de nombreux faux sont en circulation.
Certains détails permettent de s’assurer que l’on est bien en présence d’une édition originale. N’hésitez pas à me contacter en cas de besoin.

D’où vient le titre?
De la mère du copain de Frédéric, Henri Revellin, qui, originaire de Provence, est venue s’installer à Aillat en 1930 et qui utilisait à tout bout de champ cette expression : « Peuchère ».

Il s’agit en fait d’une longue nouvelle dont la trame est résumée ci-après :
À cette époque, Pierre Desflouve est âgé de treize ans. Il habite à Lyon avec ses parents. Guéri d’une congestion pulmonaire, un séjour de six mois en montagne dans les Alpes contribuera à le rétablir complètement. On l’envoie donc à Fond-Rochette, petit village de Maurienne. Il va loger dans la famille Serbelin. Le père est cordonnier. Durant la Première Guerre mondiale, il fut blessé et prisonnier en Bochie, comme il dit. Son fils Henri est un gaillard de dix-huit ans, qui adopte vite le petit Pierre. Employé chez le menuisier local, il fabrique des portes et des cercueils. Effectivement, le cimetière de Fond-Rochette témoigne qu’on y meurt beaucoup. Souvent il s’agit d’accidents de montagne, les touristes amateurs d’alpinisme n’étant pas épargnés. Le Paradis des Skieurs accueille ces clients. La population villageoise masculine fréquente plutôt le bistrot de Polyte. Chaque dimanche, on y joue à la belote entre amis, non sans quelques éclats.
Pour le jeune Pierre, la personne la plus marquante ici, c’est Louise Serbelin, que l’on surnomme La Peuchère. L’épouse du cordonnier est une femme de quarante ans, petite et rondelette, très pieuse et protectrice. Originaire de Tarascon, elle garde une évidente nostalgie de sa Provence natale. C’est à son accent et à ses expressions du Sud qu’elle doit son sobriquet, ce qui ne la gêne guère. Pierre la considère déjà comme une seconde mère, bienveillante et attentive.
Un étranger va s‘installer au village. Non pas un de ces touristes que les méfiants paysans du coin ignorent superbement : le nommé Carié est un monsieur tuberculeux venu de la ville. C’est auprès de la famille Serbelin que, lui aussi, va trouver refuge. Ce citadin athée a eu une vie agitée, d’après ce qu’il raconte. Il ne cherche pas vraiment à être apprécié de ceux qu’il considère comme des péquenots. Louise Serbelin et le curé organisent un banquet censé le rapprocher de la population. Ce n’est pas exactement une réussite. Surtout, ce Carié risque d’avoir une très mauvaise influence sur le jeune Serbelin…

Frédéric Dard possède déjà une belle maîtrise de l’écriture. La narration, à la première personne, avance sans dévier du but que l’auteur s’est fixé, selon l’intrigue qu’il a en tête. On est en droit de penser que l’histoire fut écrite sans repentir. Les personnages, les décors et l’ambiance sont dessinés avec assurance. La tonalité allie habilement le témoignage à l’émotionnel. Dard se permet un peu d’humour, aussi. Quand des skieurs entonnent une chanson à boire, le menuisier ricane “— S’ils se cassent la figure, émit ce brave artisan du bois, ce ne sera plus le vin, mais la bière qui sera bonne… Et, ce disant, il tapota affectueusement le ventre vernissé d’un cercueil qui gémit lugubrement.” On peut reprendre la formule de Max-André Dazergues dans sa préface : “Frédéric Dard touche son public à l’endroit qu’il faut, le seul qui convienne : le cœur.”

Ce livre a été réédité d’abord chez Fayard en juin 2002 :

puis chez Points en septembre 2010 et enfin en gros caractères aux éditions La Loupe en mai 2012.

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