Roger Roux

Roger Roux est né à la fin du 19ème siècle le 2 décembre 1897 à Carpentras. Sa vocation d’artiste se manifeste dès sa jeunesse et il décide de suivre des études aux Beaux-Arts de Lyon où il sera en bonne compagnie de Gabriel Chevallier et du peintre Majorel.
Ancien combattant de la première guerre mondiale, il souffrait du cœur, mais il n’en laissait jamais rien paraitre.
A partir de 1920, il s’adonne au dessin publicitaire en préparant, à l’aide de son crayon et de son talent, des silhouettes de mode dans sa paisible demeure de la rue du Dauphiné à Lyon où il réside avec sa fidèle compagne.
A titre d’exemple, la pub Rasurel qui date de 1924.

Pub. Rasurel (1924)
Il travaille aussi un temps en association avec son beau-frère Thomas Emile, graveur sur bois dont on voit l’atelier en photo ci-dessous, mais la collaboration ne durera pas.

Un premier livre pour enfants voit le jour en 1931 : Les exploits de Goupil avec un texte de Renée Chevallier.

Les exploits de Goupil

Mais il faudra attendre un peu plus de 10 ans pour que la vocation pour ces livres pour enfants lui vienne.
A partir de 1942, la production de ces livres s’accélère :
D’abord, avec Kra-Kra et Boubou, un livre de 16 pages publié chez IAC en 1942 racontant en histoires d’une page les péripéties d’un petit garçon noir Kra-Kra et d’un poussin Boubou.


Puis ce sera, toujours chez IAC en 1943, Z.A et Dupont, histoire des temps futurs, une bande dessinée de 36 pages racontant l’histoire d’un savant Z.A. vivant en l’an 3000 qui revient vivre au XXème siècle dans le pays de Dupont, une campagne bien tranquille.
Il est à noter que  Roger Roux a été un des tous premiers à écrire des histoires d’anticipation en bandes dessinées.

Il rencontre ensuite Pierre Probst, qui est rentré à Lyon après s’être évadé du camp de prisonniers où il était détenu, et ensemble, en 1943 et 1944,  ils dessineront la série des quatre albums Birikiki  – le 5ème annoncé,Birikiki chez les pygmées, ne verra jamais le jour.


C’est grâce à ces albums qu’il fait la connaissance de Max-André Dazergues, chargé d’écrire les textes, avec qui il se liera d’une amitié profonde et de l’éditeur Clément Jacquier qui les publiera aux Editions du Puits-Pelu.
On voit Roger Roux (au milieu) en compagnie de Max-André Dazergues qui tend la main (à gauche de Roger Roux) à la sortie d’une cérémonie.
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Plusieurs autres albums, toujours avec Pierre Probst et aux éditions du Puits-Pelu, verront le jour dans ces mêmes années :
– Djihula la secrète en 2 éditions (une Noir & Blanc et l’autre couleurs)
– Aéros , empereur des nuages avec des textes de Max-André Dazergues
– Adjil le vaillant
– Le fils de Gaspard le Rouge
– La merveilleuse histoire de Furette du bois noir
– Lardon et Croquesel, suivi de Lardon et Croquesel en campagne, l’histoire de 2 compères en 1460.
– Renaud le téméraire avec des textes de Blanchard
– Pension Furax avec 2 éditions en couleurs

ce qui fera un total de 13 albums édités chez Jacquier sur la période 1943-44.

En 1944, Jacquier lance aussi la collection Le Glaive série policière et Roger Roux sera l’illustrateur jusqu’en 1947 des 16 premiers numéros dont 12 ont été écrits par son ami Max-André Dazergues.


Il reprendra les illustrations pour cette collection avec le n°42 en 1950 et poursuivra jusqu’au n°84 en 1953.
Parmi les livres illustrés, figurent le n°44 La police est prévenue signé Frédérick Antony, pseudonyme reconnu de Frédéric Dard et le n °50 La caméra meurtrière de Maurice Berthon qui contient la nouvelle L’assassinat du somnambule de Frédéric Charles, un autre pseudonyme de Frédéric Dard.

La police est prévenue

La caméra meurtrière


On y recense aussi 2 autres romans de Max-André Dazergues ainsi que 4 romans de Léopold Massièra sous son nom et sous son pseudonyme Bill Blondy.

Deux autres albums sortiront en 1944 :
– L’iguanodon du Professeur Jurasic aux éditions Optic et réalisé entièrement par Roger Roux
– Feux de bois aux éditions IAC – dessins de Roger Roux et Pierre Probst et textes de Martin Basse rappelant des contes de Noël.

Puis en 1945, sortiront deux albums chez Sève :
– Couic le poussin rouge dessiné en collaboration avec Pierre Probst avec des textes écrits par Henri Sélo, et
– Patouf – Moustic et le monstre de Trou-les -Bains, dessiné et écrit entièrement par Roger Roux.

et un album chez S.G.E. :
– Le Bouffic et Plumet chez Blanche-Neige encore en collaboration avec Pierre Probst
Bouffic et Plumet

En 1946, Roger Roux illustrera Otomox, Maître des Robots un album édité chez S.A.E.T.L. avec des textes écrits par André Mavimus.

Otomox avec les CarbonariIl fera aussi au dernier trimestre 46 quelques dessins humoristiques pour une revue satirique

dessin R Roux 15 octobre 1946Dessin R. Roux 16 oct 1946

A partir de 1946, Jacquier lance la collection Crinoline, qui rassemble des romans sentimentaux et Roger Roux est naturellement choisi pour en illustrer les couvertures. Il va illustrer les 44 premiers volumes parmi lesquels 9 ont été écrits par son ami Max-André Dazergues et 9 autres par Renée Chevallier avec qui il avait déjà collaboré pour les exploits de Goupil 15 ans plus tôt.


Il reprendra les illustrations pour cette collection en 1950 avec le n°96 et il terminera en 1953 avec le n°166.

En 1947, sortira aux éditions du Puits-Pelu dans la collection Globe Trotter un album d’André Mad, pseudonyme de Max-André Dazergues qui s’intitule Le trésor de Taranaki avec des illustrations de Roger Roux.
Le trésor de Taranaki illustrations Roger Roux

Ce sera le 14ème et dernier album pour enfants illustré par Roger Roux aux éditions du Puits-Pelu chez Jacquier.

Roger Roux fera aussi la couverture de la revue Le Mois à Lyon du 15 décembre 1947, revue créée par Marcel-Etienne Grancher, dans laquelle Frédéric Dard a démarré comme journaliste en 1938.

Le Mois à Lyon 15 décembre 1947

Roger Roux, toujours attiré par les récits fantastiques, crée ensuite une série « Les voyages fantastiques de Sosthène Vazimou » qui sera éditée par Le Journal des Jeunes et qui connaitra 25 épisodes de 12 pages entre le 15 juillet 1947 et octobre 1948.
Cette revue comporte 12 pages de format 32 sur 23,5 à l’italienne, puis à partir de l’épisode 16 le format passe à 35 sur 27 .


Pour cette série, Roger Roux a fait appel à un jeune dessinateur de 21 ans nommé Yves Mondet à qui il faisait réaliser les crayonnés de ses histoires. Voir l’exemple ci-dessous relatif à l’épisode n°5 : « Le cargo du diable ».

Yves Mondet l’avait d’ailleurs remercié de l’avoir associé à son travail et lui avait adressé un gentil mot fin 1946.

dédicace Yves Mondet

La collaboration avec Yves Mondet continuera avec Comic Burlesc édité par la Société Générale d’Editions EGE, une série érotico-comique de 7 numéros de janvier à juillet 1948 qui a pour héroïne Betty Rumba. C’est à cette occasion que Roger Roux fera la connaissance de Frédéric Dard qui lui dédiera fin 1952 un de ses romans dans la collection La Loupe Policière : L’horrible Monsieur Smith.
La dédicace est ainsi tournée :
Pour mon ami Roger Roux
En souvenir de Betty Rumba
Affectueusement
F.C. (pour Frédéric Charles, pseudonyme reconnu de Frédéric Dard, qui avait signé ce roman).

En janvier 1949, Frédéric Dard signera dans la revue OH! n°4 un texte intitulé L’affranchi sous le pseudonyme de R. Freroux. Ce pseudonyme rappelle clairement l’appellation affectueuse Frère Roux qu’il avait pour son ami Roger.

Les épisodes 1 à 4 des aventures de Betty Rumba sont dessinés par Yves Mondet sous le pseudonyme de Silly Jim, puis les  numéros 5 et 6  seront dessinés par Roger Roux.

Dans le dernier numéro spécial été 48 de 32 pages, à coté de l’histoire Betty Rumba en vacances dessinée par Roger Roux, on trouvera des nouvelles de Frédéric Dard et des dessins de Roger Sam qui était aussi son ami.

La petite fille de Roger Roux, Mireille, se rappelle bien avoir été plusieurs fois avec son grand-père, dans la boutique de farces et attrapes de Janine Dard, épouse de Roger Sam, qui était située dans le passage de l’Argue à Lyon.
On retrouvera aussi Yves Mondet sous un autre pseudonyme Louky qui signera quelques planches du récit d’anticipation « L’étrange aventure du Professeur Faraminus » inventé et dessiné par Roger Roux qui paraitra dans 10 numéros de Fripounet et Marisette entre le 24 avril et le 26 juin 1949. On voit d’ailleurs que la collaboration a amené un style comparable entre les 2 hommes et que sans la signature, il est difficile d’identifier l’auteur du dessin.
Cette histoire n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Z.A. et Dupont que Roger Roux avait écrite et dessinée en 1943.

Toujours chez Jacquier, Roger Roux va illustrer entièrement  la revue Les dessous de l’histoire éditée encore par Jacquier. Cette revue dont le nom est explicite s’attache à révéler les histoires d’amour au cours de l’Histoire de France par des textes de différents auteurs illustrés par des beaux dessins de Roger Roux.
Elle comporte 8 numéros, de novembre 49 à juin 50, qui contiennent chacun 5 histoires:
n°1 de novembre 1949 : Dames d’alcôve, amants de coeur (anonyme)


n°2 de décembre 1949 : Dandys et dames aux camélias (Lucien Rousset)

Les dessous de l'Histoire n°2 1er plat
n°3 de janvier 1950 : Guerrières et Vert-galants (Georges de Coubladour)
n°4 de février 1950 : Crinolines et impériales (Jacques Rullière)

Les dessous de l'histoire n°4 1er plat
n°5 de mars 1950 : A l’ombre du Roi-soleil (G de Coubladour)
n°6 d’avril 1950 : Muses romantiques et bas bleus (Marcel Lecrou)


n°7 de mai 1950 : Pléiades et cours d’amour (G de Coubladour)


n°8 de juin 1950 : De la Bastille à l’échafaud (Victor Mézières)

Fin 1951, Roger Roux prendra la suite d’Yves Mondet pour illustrer les couvertures de la revue Mes lectures .
Il en signera au moins 10 numéros du n°69 au n°78.

Il illustrera aussi dans la période 1949-1954 de nombreux contes gais de Léopold Massièra parus dans les revues OH!, Parade du rire, A la page!.. , mais il ne signera pas ses dessins.
Par contre, il signera une petite bande dessinée » Moeurs des maris » dans la revue OH! n°19 d’avril 1950 sous le pseudonyme aisément reconnaissable du Professeur Rogerus Rouxo et une autre « Un grand mariage » dans la revue OH! n°21 de juin 1950.
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Roger Roux figurera aussi en bonne place en compagnie de Frédéric Dard, Emmanuel Cocard, Roger Sam et Rogino dans le livre De ma lucarne dans lequel Léon Charlaix a rassemblé des fables et des histoires humoristiques qu’il a d’ailleurs publié dans plusieurs numéros de la revue Le Mois à Lyon.
On le voit ici en compagnie d’Emmanuel Cocard, l’homme qui tient une canne à pèche.
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A partir de 1954, Roger délaisse les illustrations  des revues et des livres pour revenir à ses premières amours, le dessin de mode.

On trouvera ci-dessous quelques exemples des ses réalisations. On remarquera la subtilité dont il a toujours su faire preuve en découvrant le dessin Tout a commencé comme ça!

Roger Roux s’est éteint le 21 février 1969 à Lyon sans jamais avoir cessé de travailler.
Léopold Massièra lui a adressé un hommage vibrant dans Guignol de mars 1969.
Après une vie bien remplie, Il repose maintenant en paix dans le village de Sainte Cécile-les-Vignes dans le Vaucluse.

Cet article n’aurait pas pu voir le jour sans la contribution de la petite-fille de Roger Roux, Mireille, que je remercie ici chaleureusement.